Recommandations post-COVID pour médecins traitants: Prise en charge

Post-COVID chez les enfants (adolescents)

Les adolescents – et dans une moindre mesure les enfants plus jeunes – sont susceptibles de souffrir d’une affection post-COVID (50). Même si cette affection est moins fréquente que chez les adultes, il est primordial de sensibiliser les médecins et les patients aux affections post-COVID pédiatriques. La prévalence rapportée chez les enfants varie considérablement entre les études, allant de 4 % à 66 % (51). Cette variabilité est due à des hétérogénéités dans la conception des études en ce qui concerne l’âge des patients, la gravité de l’affection aiguë, les mesures des résultats, les contextes (hospitalisation ou ambulatoire) et les méthodes de collecte des données. Dans les études incluant des cas témoins négatifs au SARS-CoV-2, la prévalence rapportée des symptômes compatibles avec l’affection post-COVID varie de 2 % à 9 % dans la plupart des études, contre 1 % à 10 % chez les cas témoins (50,51). Les facteurs de risque du post-COVID pédiatrique sont le sexe féminin, l’âge – les adolescents sont plus affectés que les enfants plus jeunes –, les comorbidités chroniques (52) et un statut socio-économique plus bas (50).

 

Comme chez les adultes, les symptômes les plus courants de l’affection post-COVID pédiatrique sont la fatigue, les céphalées, les troubles cognitifs, la myalgie/arthralgie, la dyspnée et l’anosmie (52). Les symptômes abdominaux tels que les douleurs abdominales et, dans une moindre mesure, la constipation, la diarrhée, les nausées et les vomissements sont également fréquents chez les enfants (50).

 

Les principales préoccupations pour les enfants et les adolescents atteints d’affection post-COVID sont l’impact sur la scolarité et le risque de repli sur soimême. Il est important de détecter à temps des signaux d’alarme tels que le retrait ou l’échec à l’école, l’isolation sociale et l’anxiété pour réduire l’impact e développement de l’enfant ou de l’adolescent. De ce fait, une approche et une prise en charge globales et interdisciplinaires en étroite collaboration avec le réseau éducatif sont nécessaires.

 

La prise en charge de l’affection post-COVID pédiatrique peut être extrapolée de celle de l’adulte, tout en tenant compte des spécificités suivantes :

  • L’assiduité et les performances scolaires sont fréquemment impactées chez les enfants souffrant d’affection post-COVID. De ce fait, une approche interdisciplinaire en partenariat avec le milieu éducatif (école, lieu de travail) est d’une importance capitale pour mettre progressivement en œuvre le programme le plus approprié et le plus sûr pour le maintien et/ou la réintégration dans l’environnement éducatif. L’établissement d’objectifs et de jalons tenant compte des capacités fonctionnelles et d’étude du patient (adaptés à ses symptômes :fatigue, malaise post-effort, troubles cognitifs) est suggéré pour la réintégration dans le milieu éducatif et dans le réseau social. La même approche s’applique aux sports et à l’activité physique. En ce qui concerne l’activité physique, les programmes de réadaptation adaptés sont les pierres angulaires de la prise en charge de l’affection post-COVID de l’enfant.

 

  • Comme le montrent les études de prévalence contrôlées, et compte tenu de la faible spécificité des symptômes généralement rapportés, tous les symptômes ne peuvent être attribués à l’infection par le SARS-CoV-2. D’autres facteurs, tels que l’impact psychologique de la pandémie, doivent être pris en compte, en particulier chez les adolescents où les changements physiologiques, comportementaux et hormonaux peuvent également contribuer à certains des symptômes signalés. D’autres diagnostics doivent être exclus, comme les troubles de l’humeur, les addictions (p. ex. abus de substance, addiction aux médias sociaux). Ces affections pourraient être préexistantes ou avoir été démasquées par l’infection par le SARS-CoV-2. Il est très difficile de distinguer une affection post-COVID légère ou modérée des variations d’humeur et d’énergie attendues dans le courant du développement au début de l’adolescence. Un historique détaillé comparant les étapes du développement des frères et sœurs et des amis peut aider le médecin à prendre une décision, de même qu’un suivi étroit et répété. Le malaise post-effort peut être un facteur discriminant et aider à évaluer l’affection post-COVID par rapport à d’autres types de fatigue ou de symptomatologie.

 

  • La plupart des échelles de dépistage et d’évaluation susmentionnées pour les adultes n’ont pas été validées dans le contexte pédiatrique. Leur utilisation est laissée à l’appréciation du médecin. En outre, l’utilisation de questionnaires pédiatriques tels que l’Échelle d’évaluation de la dépression chez l’adolescent (Adolescent Depression Rating Scale-ADRS) (53) et l’Inventaire systémique de qualité de vie pour enfants (Pediatric Quality of Life Inventory- PedsQL) (54) peut fournir des informations plus spécifiques à la pédiatrie (55).