Recommandations post-COVID pour médecins traitants: Symptômes

Douleur et paresthésie

Douleurs musculaires ou articulaires

Anamnèse et diagnostic

Les douleurs musculaires ou articulaires post-COVID n’ont pas été entièrement élucidées, mais ne sont que très rarement liées à une inflammation locale des muscles ou des articulations.

L’anamnèse devrait regrouper les caractéristiques de la douleur (localisation, durée, intensité), les symptômes associés (fatigue, troubles du sommeil, comorbidités psychiatriques) et l’évaluation des autres affections qui pourraient provoquer des douleurs musculo-squelettiques (syndrome douloureux régional complexe, arthrose, rhumatismes inflammatoires, maladies thyroïdiennes).

L’évaluation physique devrait comprendre une évaluation des articulations, de la peau, et un examen neurologique, comprenant un test de la force musculaire en présence de myalgie.

Les bilans sanguins doivent être orientés par les résultats de l’anamnèse et de l’examen physique. En général, il est possible d’obtenir une formule sanguine complète, une ESR et une CRP, une créatine kinase en cas de myalgie importante ou de faiblesse musculaire (test de force de préhension), et un taux de TSH en cas de suspicion d’une maladie thyroïdienne. Si un bilan plus approfondi est envisagé, le patient doit être adressé à un spécialiste.

Une consultation rhumatologique/neurologique est recommandée si les symptômes persistent au-delà de trois mois, en présence de créatine kinase élevée, de faiblesse musculaire, ou si les symptômes sont invalidants. Une consultation rhumatologique est recommandée en cas d’évidence objective d’inflammation (p. ex. synovite, marqueurs inflammatoires élevés). Une consultation neurologique est recommandée en cas d’anomalies neurologiques, même mineures, lors de l’examen clinique.

 

Prise en charge

Les symptômes peuvent être très similaires ou chevaucher ceux de la fibromyalgie et le traitement actuel se base sur les connaissances reconnues utiles en fibromyalgie si aucune maladie rhumatologique sous-jacente n’est identifiée. La gestion initiale de la fibromyalgie comprend l’éducation du patient (réconfort, explications sur la sensibilisation à la douleur), physiothérapie adaptée, hygiène du sommeil et gestion des comorbidités psychiatriques si existantes. Si le traitement non pharmacologique n’est pas suffisamment efficace, des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine norépinéphrine (duxolétine, venlafaxine), des antidépresseurs tricycliques à faibles doses (p. ex. amitriptyline) et des molécules antiépileptiques ligands alpha-2 (prégabaline, gabapentine) ont prouvé leur efficacité dans le traitement de la fibromyalgie et peuvent être essayés en cas de symptômes de type fibromyalgie. Le traitement est mieux toléré en prenant une dose de départ faible. Les relaxants musculaires peuvent également être utilisés pour les douleurs musculaires, mais il convient d’être attentif aux effets secondaires (y compris la fatigue). Il existe également des preuves que les traitements non pharmacologiques tels que le shiatsu, l’hypnose, la pleine conscience ou la thérapie manuelle peuvent être utiles pour traiter la fibromyalgie.

 

Douleur thoracique

La douleur thoracique décrite comme une oppression peut être une manifestation d’un malaise post-effort. Il est important d’exclure d’emblée les causes cardio-pulmonaires urgentes telles que le syndrome coronarien aigu, l’embolie pulmonaire, la péricardite et la myocardite. Les antécédents médicaux, y compris la durée des symptômes, les symptômes associés et les facteurs de risque permettent avec l’examen clinique de trouver le diagnostic. La douleur reproductible à la palpation est principalement associée à une inflammation chondrocostale ou à des contractures des muscles inspiratoires. La contracture du muscle du diaphragme peut également provoquer de la douleur lors de la respiration avec les muscles abdominaux en position couchée. La douleur thoracique peut également être déclenchée par des causes pulmonaires (syndrome d’hyperventilation, épanchement pleural) et des facteurs gastro-intestinaux (gastrite, syndrome du côlon irritable).

Un ECG doit être réalisé en cas de douleur thoracique, car il permet de clarifier le diagnostic de péricardite et de myocardite en plus des résultats cliniques. La péricardite se caractérise par une douleur rétrosternale soulagée par la position assise, un frottement péricardique à l’auscultation et une dépression du segment PR et/ou une élévation diffuse et concave du segment ST et/ou des anomalies de l’onde T à l’ECG. La myocardite se manifeste généralement par une douleur rétrosternale prolongée, indépendamment de l’effort, avec des troubles de la repolarisation à l’ECG, des extrasystoles ventriculaires ou parfois l’absence de toute anomalie.

Le diagnostic clinique de péricardite peut être établi sur la base des deux critères suivants : (1) douleur thoracique pleurétique soulagée par la position assise et en se penchant vers l’avant ; (2) frottement péricardique à l’auscultation; (3) nouvelle élévation concave généralisée du segment ST ou dépression PR à l’ECG; et (4) épanchement péricardique (46).

 

Prise en charge

Le traitement dépend de la cause sous-jacente et comprend des anti-inflammatoires non stéroïdiens pour les douleurs pariétales, ainsi que des thérapies manuelles et respiratoires pourles contractures des muscles inspiratoires ou diaphragmatiques. La prévention du malaise post-effort peut contribuer à réduire les manifestations de douleur thoracique si le symptôme est dû au malaise post-effort. La douleur d’origine pulmonaire est traitée selon la cause tout comme la douleur d’origine gastro-intestinale (IPP, régime). En cas de péricardite ou de myocardite, une évaluation cardiologique est recommandée.

 

Paresthésie

La paresthésie, les brûlures, les picotements, les fourmillements, les engourdissements ou les décharges électriques peuvent être présents dans l’affection post-COVID.

L’échelle proposée pour évaluer la douleur neuropathique est la suivante :

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Les résultats de l’électroneuromyographie (ENMG) qui mesure l’activité électrique des nerfs et des muscles, de la biopsie à l’emporte-pièce (pour les polyneuropathies à petites fibres) ou de l’échographie Doppler qui explore les vaisseaux sanguins, sont généralement normaux. Ces tests ne sont pas indiqués sauf en cas de signescliniquesdepolyneuropathies(p.ex.destroubles sensoriels objectivés, une diminution du sens des vibrations, des troubles du sens de la position). En cas d’anomalies, même mineures ou en cas d’incertitude pendant l’examen neurologique, le patient peut être adressé à un neurologue.

Si les symptômes sont fréquents et que d’autres causes sous-jacentes, comme les carences en vitamines, le diabète, la carence en fer ou une maladie thyroïdienne ont été exclus, les neuropathies sont traitées par des traitements pharmacologiques (p. ex. duloxétine, prégabaline ou gabapentine, ou traitement local à la capsaïcine). Cependant, ces traitements ne traitent pas la cause sous-jacente, qui devrait continuer à faire l’objet d’investigations. L’acupuncture peut soulagerles symptômes dans certains cas.